Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/100

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ces figures-là ressemblent aux priapes égyptiens mis à côté des statues des immortels, à côté de Memnon, à côté du Sphinx. Ces monstres-là expliquent pour moi l’histoire, ils en sont le complément, l’apogée, la morale, le dessert ; crois-moi, ce sont les grands hommes, des immortels aussi. Néron vivra aussi longtemps que Vespasien, Satan que Jésus-Christ. Ô mon cher Ernest, à propos du Marquis de Sade, si tu pouvais me trouver quelques-uns des romans de cet honnête écrivain, je te les payerais leur pesant d’or. J’ai lu sur lui un article biographique de J. Janin qui m’a révolté, sur le compte de Janin, bien entendu, car il déclamait pour la morale, pour la philanthropie, pour les vierges dépucelées ! Adieu, je n’en finirais pas et je m’arrête en t’embrassant. Barbès est gracié. Ça m’est égal ! L. [Philippe] lui a fait grâce. — Idem ! — Voilà deux paillasses, un qui joue l’héroïsme, un autre la clémence !


33. AU MÊME.
[23 juillet 1839.]

Si je t’écris maintenant, mon cher Ernest, ne mets pas cela sur le compte de l’amitié, mais plutôt sur celui de l’ennui. Me voilà en classe à 6 heures du matin, ne sachant que faire et ayant devant moi l’agréable perspective de 4 heures pareilles, car notre nouveau censeur ne veut nous laisser sortir qu’à 10 heures et je compose… en vers latins !!!