Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/93

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Yuk engageait une femme mariée à se livrer à tous les hommes venus sans distinction. C’est le rire à côté des pleurs et des angoisses, la boue à côté du sang. Voilà donc Smar dégoûté du monde ; il voudrait que tout fût fini là, mais Satan va au contraire lui faire éprouver toutes les passions et toutes les misères qu’il a vues. Il le mène sur des chevaux ailés sur les bords du Gange. Là, orgies monstrueuses et fantastiques, la volupté tant que je pourrai la concevoir ; mais la volupté le lasse. Il éprouve donc encore l’ambition. Il devient poète ; après ses illusions perdues, son désespoir devient immense, la cause du ciel va être perdue. Smar n’a point encore éprouvé d’amour. Se présente une femme… une femme… il l’aime. Il est redevenu beau, mais Satan en devient amoureux aussi. Alors ils la séduisent chacun de leur côté. À qui sera la victoire ? À Satan, comme tu penses ? Non, à Yuk, le grotesque. Cette femme, c’est la Vérité ; et le tout finit par un accouplement monstrueux. Voilà un plan chouette et quelque peu rocailleux. Montre-le à Alfred ainsi que ma dernière lettre… comme cela je ne raconterai pas deux fois la même chose.

Je fais des ouvrages qui n’auront pas le prix Montyon et dont la mère ne permettra pas la lecture à sa fille ; j’aurai soin de mettre cette belle phrase en épigraphe. Adieu, tout à toi.

Ma célérité doit te faire honte. Écris-moi donc plus vite et longuement.