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CORRESPONDANCE

t’arrivera probablement avant ce petit mot, ou en même temps que lui. Je suis bien content, bonne chère Louise, que tu aies réussi dans une affaire pécuniaire, mais ton traité me paraît fait par un normand ; prends-y garde. Ainsi article 1o… « tous les ouvrages de sa composition parus jusqu’à ce jour ainsi que ceux inédits qui pourraient paraître par la suite », qu’est-ce que veut dire ce par la suite ? C’est indéterminé, c’est fort vague. Ce palliatif de l’art. 3 « il est bien entendu que, pour les ouvrages inédits, M. B… ne pourra les faire imprimer dans son format qu’après le délai de deux années à partir de la mise en vente de la première publication ». Dans son format ne veut pas dire qu’il n’ait pas le droit de le faire paraître dans un autre format que celui stipulé par l’article 1 de la première publication. Par qui ? Par un autre éditeur, ou par le même ? Tout cela me semble lâche et matière à procès, par la suite. J’ai peur qu’il ne se soit arrangé pour que tu sois liée à lui, pieds et poings liés, sans pouvoir disposer d’une ligne jusqu’à ce qu’il lui plaise.

Puisqu’on te réédite, change quelques-uns de tes titres, chère Louise. Tu n’as pas la main heureuse en fait de titres, regarde : Ce qu’il y a dans le cœur des femmes — Deux mois d’émotion — Deux femmes célèbres — Les cœurs brisés.

Ce sont des titres à la fois prétentieux et vagues et qui, quant à moi, me repousseraient d’un livre. Ils sentent la bas-bleu et tu n’en es pas une, Dieu merci.

Voilà deux ou trois jours que ça va bien. Je suis à faire une conversation d’un jeune homme et d’une jeune dame sur la littérature, la mer, les