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CORRESPONDANCE

maintenant complète ; j’ai senti quelque chose de vos arrachements, et je vous ai vue dans la désolation et dans les larmes.

Êtes-vous plus tranquille maintenant ? Écrivez-moi un seul petit mot, pour répondre aux deux longues poignées de main que je vous envoie, en vous regardant jusqu’au fond du cœur, tendrement.

Jetez-vous tête baissée dans le travail. L’encre est un vin qui grise ; plongeons-nous dans les rêves, puisque la vie est si atroce.

Du courage ! pauvre chère amie, et soyez sûre que je vous aime bien. Mais à quoi cela vous sert-il ?


719. À JULES DUPLAN.
[Croisset, début de juin 1862].

Ton frère, dans son avant-dernière lettre, m’en avait annoncé une de ta seigneurie, et je serais bien aise de l’avoir pour que tu me dises ton opinion sur le point en litige. Dois-je ou ne dois-je pas prêter mon manuscrit à Lévy ?

Si tu dînes demain avec le président de Blamont, dis-lui que je lui répondrai là-dessus mercredi. C’est demain qu’arrive Monseigneur ; je prendrai son avis, le tien, et je me déciderai.

Je suis sûr que mon notaire me trouve insensé. Il ne réfléchit pas assez à ceci : 1o  Lévy, quoi qu’il trouve du manuscrit, le dépréciera. 2o  Nous pouvons nous fâcher, avoir recours à un autre éditeur ; cet autre éditeur, lui aussi, voudra savoir à quoi s’en tenir ; il peut en être de même pour un troisième