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CORRESPONDANCE

En résumé : concessions d’argent, tant qu’on voudra ; concessions d’art, aucune !

Je commence aujourd’hui les dernières corrections. J’en ai pour quinze jours, après quoi je m’occuperai d’autre chose. Voilà. Donc, ton frère peut répondre à Lévy que les relations sont interrompues, car nous ne paraissons pas disposés à céder ni l’un ni l’autre. On peut encore lui demander combien il offre de la chose sans la connaître. Libre à moi d’accepter ou de refuser. J’irai à un autre éditeur, ou bien j’imprimerai à mes frais, ou j’imprimerai plus tard, ou pas du tout. Tu sais que la rage typographique me ronge très peu, et dieu merci ! Comme j’ai de quoi manger, je peux attendre. Je crois que les em… de la Revue de Paris vont recommencer.

Non ! non ! que ton frère prenne des informations, qu’il voie ailleurs, qu’il soit plus coulant sur le prix. Tout ce qu’il voudra, mais puisque Lévy a peur, je deviens féroce et ne recule pas d’une semelle ; tel est mon caractère. Je sais bien que vous allez me trouver complètement insensé. Mais la persistance que Lévy met à demander des illustrations me f… dans une fureur impossible à décrire. Ah ! qu’on me le montre, le coco qui fera le portrait d’Hannibal, et le dessin d’un fauteuil carthaginois ! il me rendra grand service. Ce n’était guère la peine d’employer tant d’art à laisser tout dans le vague, pour qu’un pignouf vienne démolir mon rêve par sa précision inepte. Je ne me connais plus et je t’embrasse tendrement. Et indigné, faoutre !