Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/120

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Girbal :

— La paix ! la paix !

Le prêtre :

— Quel matérialisme !

Foureau :

— Occupons-nous plutôt de notre chasuble !

— Non ! Laissez-moi parler !

Et Bouvard, s’échauffant, alla jusqu’à dire que l’homme descendait du singe !

Tous les fabriciens se regardèrent, fort ébahis et comme pour s’assurer qu’ils n’étaient pas des singes.

Bouvard reprit :

— En comparant le fœtus d’une femme, d’une chienne, d’un oiseau, d’une grenouille…

— Assez !

— Moi je vais plus loin ! s’écria Pécuchet ; l’homme descend des poissons !

Des rires éclatèrent. Mais sans se troubler :

— Le Telliamed ! un livre arabe !…

— Allons, messieurs, en séance !

Et on entra dans la sacristie.

Les deux compagnons n’avaient pas roulé l’abbé Jeufroy comme ils l’auraient cru ; aussi Pécuchet lui trouva-t-il « le cachet du jésuitisme ».

Sa lumière boréale les inquiétait cependant ; ils la cherchèrent dans le manuel de d’Orbigny.

C’est une hypothèse pour expliquer comment les végétaux fossiles de la baie de Baffin ressemblent aux plantes équatoriales. On suppose, à la place du soleil, un grand foyer lumineux, maintenant disparu, et dont les aurores boréales ne sont peut-être que les vestiges.

Puis un doute leur vint sur la provenance de