Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/145

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Bouvard et Pécuchet implorèrent quinze jours encore, le temps d’en prendre un moulage.

— Le plus tôt sera le mieux, dit l’abbé.

Puis il causa de choses indifférentes.

Pécuchet qui s’était absenté une minute, lui glissa dans la main un napoléon.

Le prêtre fit un mouvement en arrière.

— Ah ! pour vos pauvres !

Et M. Jeufroy, en rougissant fourra la pièce d’or dans sa soutane.

Rendre la cuve, la cuve aux sacrifices ! jamais de la vie ! Ils voulaient même apprendre l’hébreu, qui est la langue mère du celtique, à moins qu’elle n’en dérive ! et ils allaient faire le voyage de la Bretagne, en commençant par Rennes, où ils avaient un rendez-vous avec Larsoneur, pour étudier cette urne mentionnée dans les mémoires de l’Académie celtique et qui paraît avoir contenu les cendres de la reine Artémise, quand le maire entra, le chapeau sur la tête, sans façon, en homme grossier qu’il était.

— Ce n’est pas tout ça, mes petits pères ! Il faut le rendre !

— Quoi donc !

— Farceurs ! je sais bien que vous le cachez !

On les avait trahis.

Ils répliquèrent qu’ils le détenaient avec la permission de monsieur le curé.

— Nous allons voir.

Et Foureau s’éloigna.

Il revint, une heure après.

— Le curé dit que non ! Venez vous expliquer.

Ils s’obstinèrent.

D’abord, on n’avait pas besoin de ce bénitier,