Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Bouvard, plus calme, ramassa les morceaux, un à un ; et, quelque temps après, eut cette idée :

— Marescot, par jalousie, pourrait bien s’être moqué de nous !

— Comment ?

— Rien ne m’assure que la soupière ne soit pas authentique ! tandis que les autres pièces, qu’il a fait semblant d’admirer, sont fausses peut-être ?

Et la fin du jour se passa dans les incertitudes, les regrets.

Ce n’était pas une raison pour abandonner le voyage de la Bretagne. Ils comptaient même emmener Gorju, qui les aiderait dans leurs fouilles.

Depuis quelque temps, il couchait à la maison, afin de terminer plus vite le raccommodage du meuble. La perspective d’un déplacement le contraria, et comme ils parlaient des menhirs et des tumulus qu’ils comptaient voir :

— Je connais mieux, leur dit-il ; en Algérie, dans le Sud, près des sources de Bou-Mursoug, on en rencontre des quantités.

Il fit même la description d’un tombeau, ouvert devant lui, par hasard, et qui contenait un squelette, accroupi comme un singe, les deux bras autour des jambes.

Larsoneur, qu’ils instruisirent du fait, n’en voulut rien croire.

Bouvard approfondit la matière, et le relança.

Comment se fait-il que les monuments des Gaulois soient informes, tandis que ces mêmes Gaulois