Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/162

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On a conservé quelques-uns de ses mots :

À une députation de Bordelais : « Ce qui me console de n’être pas à Bordeaux, c’est de me trouver au milieu de vous ! »

Aux protestants de Nismes : « Je suis bon catholique, mais je n’oublierai jamais que le plus illustre de mes ancêtres fut protestant. »

Aux élèves de Saint-Cyr, quand tout est perdu : « Bien, mes amis ! Les nouvelles sont bonnes ! Ça va bien ! très bien ! »

Après l’abdication de Charles X : « Puisqu’ils ne veulent pas de moi, qu’ils s’arrangent ! »

Et en 1814, à tout propos, dans le moindre village : « Plus de guerre, plus de conscription, plus de droits réunis. »

Son style valait sa parole. Ses proclamations dépassent tout.

La première du comte d’Artois débutait ainsi : « Français, le frère de votre roi est arrivé ! »

Celle du prince : « J’arrive. Je suis le fils de vos rois ! Vous êtes Français. »

Ordre du jour, daté de Bayonne : « Soldats, j’arrive ! »

Une autre, en pleine défection : « Continuez à soutenir, avec la vigueur qui convient au soldat français, la lutte que vous avez commencée. La France l’attend de vous ! »

Dernière à Rambouillet : « Le roi est entré en arrangement avec le gouvernement établi à Paris, et tout porte à croire que cet arrangement est sur le point d’être conclu. »

« Tout porte à croire » était sublime.

— Une chose me chiffonne, dit Bouvard, c’est qu’on ne mentionne pas ses affaires de cœur ?