Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/226

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ne plus croupir dans l’égoïsme ! Cherchons le meilleur système !

— Alors, tu comptes le trouver ?

— Certainement !

— Toi ?

Et, dans le rire dont Bouvard fut pris, ses épaules et son ventre sautaient d’accord. Plus rouge que les confitures, avec sa serviette sous l’aisselle, il répétait :

— Ah ! ah ! ah ! d’une façon irritante.

Pécuchet sortit de l’appartement, en faisant claquer la porte.

Germaine le héla par toute la maison, et on le découvrit au fond de sa chambre, dans une bergère, sans feu ni chandelle et la casquette sur les sourcils. Il n’était pas malade, mais se livrait à ses réflexions.

La brouille étant passée, ils reconnurent qu’une base manquait à leurs études : l’économie politique.

Ils s’enquirent de l’offre et de la demande, du capital et du loyer, de l’importation, de la prohibition.

Une nuit, Pécuchet fut réveillé par le craquement d’une botte dans le corridor. La veille, comme d’habitude, il avait tiré lui-même tous les verrous, et il appela Bouvard qui dormait profondément.

Ils restèrent immobiles sous leurs couvertures. Le bruit ne recommença pas.

Les servantes, interrogées, n’avaient rien entendu.

Mais en se promenant dans leur jardin, ils remarquèrent au milieu d’une plate-bande, près