Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/30

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servante leur apprit que c’était M. Vaucorbeil, un docteur fameux dans l’arrondissement.

Les autres notables étaient : le comte de Faverges, autrefois député, et dont on citait les vacheries ; le maire, M. Foureau, qui vendait du bois, du plâtre, toute espèce de choses ; M. Marescot le notaire ; l’abbé Jeufroy, et Mme veuve Bordin, vivant de son revenu. Quant à elle, on l’appelait Germaine, à cause de feu Germain son mari. Elle faisait des journées ; mais aurait voulu passer au service de ces messieurs. Ils l’acceptèrent, et partirent pour leur ferme, située à un kilomètre de distance.

Quand ils entrèrent dans la cour, le fermier, maître Gouy, vociférait contre un garçon et la fermière, sur un escabeau, serrait entre ses jambes une dinde qu’elle empâtait avec des gobes de farine. L’homme avait le front bas, le nez fin, le regard en dessous, et les épaules robustes. La femme était très blonde, avec les pommettes tachetées de son, et cet air de simplicité que l’on voit aux manants sur le vitrail des églises.

Dans la cuisine, des bottes de chanvre étaient suspendues au plafond. Trois vieux fusils s’échelonnaient sur la haute cheminée. Un dressoir chargé de faïence à fleurs, occupait le milieu de la muraille ; et les carreaux en verre de bouteille jetaient sur les ustensiles de fer-blanc et de cuivre rouge une lumière blafarde.

Les deux Parisiens désiraient faire leur inspection, n’ayant vu la propriété qu’une fois, sommairement. Maître Gouy et son épouse les escortèrent et la kyrielle des plaintes commença.

Tous les bâtiments, depuis la charretterie jusqu’à