Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/349

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Il existait sans doute des empêchements ?

— Aucun ! répliqua Foureau.

D’ailleurs il avait le droit, comme maire, de confier à qui bon lui semblait, les enfants abandonnés. Et après une longue hésitation :

— Eh bien, oui ! prenez-les ! ça le fera bisquer.

Bouvard et Pécuchet les emmenèrent.

En rentrant chez eux, ils trouvèrent au bas de l’escalier, sous la madone, Marcel à genoux, et qui priait avec ferveur. La tête renversée, les yeux demi-clos, et dilatant son bec-de-lièvre, il avait l’air d’un fakir en extase.

— Quelle brute ! dit Bouvard.

— Pourquoi ? il assiste peut-être à des choses que tu lui jalouserais, si tu pouvais les voir. N’y a-t-il pas deux mondes tout à fait distincts ? L’objet d’un raisonnement a moins de valeur que la manière de raisonner. Qu’importe la croyance ! Le principal est de croire.

Telles furent, à la remarque de Bouvard, les objections de Pécuchet.