Page:Flaubert - Bouvard et Pécuchet, éd. Conard, 1910.djvu/358

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de bœuf, des figures d’oiseau, des yeux de cochon ; mais tant de monde gênait le perruquier dans son travail. Les coudes frôlaient l’armoire à vitres contenant la parfumerie ; on dérangeait les peignes, le lavabo fut brisé, et il flanqua dehors tous les amateurs, en priant Bouvard et Pécuchet de les suivre, ultimatum qu’ils acceptèrent sans murmurer, étant un peu fatigués de la cranioscopie.

Le lendemain, comme ils passaient devant le jardinet du capitaine, ils aperçurent causant avec lui, Girbal, Coulon, le garde champêtre et son fils cadet, Zéphyrin, habillé en enfant de chœur. Sa robe était toute neuve ; il se promenait dessous avant de la remettre à la sacristie, et on le complimentait.

Curieux de savoir ce qu’ils en pensaient, Placquevent pria ces messieurs de palper son jeune homme.

La peau du front avait l’air comme tendue ; un nez mince, très cartilagineux du bout, tombait obliquement sur des lèvres pincées ; le menton était pointu, le regard fuyant, l’épaule droite trop haute.

— Retire ta calotte, lui dit son père.

Bouvard glissa les mains dans sa chevelure couleur de paille, puis ce fut le tour de Pécuchet, et ils se communiquaient à voix basse leurs observations :

Biophilie manifeste. Ah ! ah ! l’approbativité ! conscienciosité absente ! amativité nulle !

— Eh bien ? dit le garde champêtre.

Pécuchet ouvrit sa tabatière et huma une prise.