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et vieille amie, et éternelle tendresse », en évoquant « les jours d’autrefois, qui se représentent comme baignés dans une vapeur d’or ». Il a vu pour la première fois Mme Arnoux, de l’Éducation sentimentale. — « Jamais il n’osa déclarer sa passion, et toute sa vie il évita de parler de ce grand amour dont il disait ces simples mots : J’en ai été ravagé[1] ».

Il est reçu bachelier en 1840, visite les Pyrénées, la Provence et la Corse. Au retour, son père exige qu’il étudie le droit. Il le commence à Rouen, s’en dégoûte sur l’heure, et la vie médiocre et recluse qu’il mène ensuite à Paris n’est pas faite pour le réconcilier avec le Code. Pourtant, au quartier latin, il avait retrouvé Alfred Le Poittevin et Ernest Chevalier, et s’était lié avec Maxime Du Camp et Louis de Cormenin. On l’avait aussi présenté à Pradier, et, dans l’atelier du sculpteur, il entrevoit les célébrités du moment.

De temps à autre il s’évade et vient à Nogent-sur-Seine, chez son oncle Parrain. Là, comme plus tard Frédéric Moreau de l’Éducation sentimentale, il « s’en allait dans les prairies, vagabondait jusqu’au soir, roulant les feuilles jaunes sous ses pas », écoutant « le gros bruit doux que font les ondes dans les ténèbres ».

C’est vers cette époque, en pleine jeunesse, qu’il éprouve les premières atteintes de la maladie nerveuse dont il souffrira jusqu’à sa fin. De quelque

  1. René Dumesnil, G. Flaubert.