Page:Flaubert - Madame Bovary, Conard, 1910.djvu/16

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appelait l’épreuve du « gueuloir ». « Une phrase est viable, affirmait-il, quand elle correspond à toutes les nécessités de la respiration. Je sais qu’elle est bonne lorsqu’elle peut être lue tout haut… ».

C’est, semble-t-il, dans Par les Champs et par les Grèves, relation d’une promenade qu’il fit en Bretagne au printemps de 1847, que Flaubert connut pour la première fois les « affres » du style.

Avec Maxime Du Camp il entreprend, en octobre 1849, un voyage qui doit se prolonger jusqu’en mai 1851. « Parmi l’étourdissement des paysages et des ruines », ils visitèrent la Sicile et l’Égypte, la Palestine et la Syrie, Constantinople, Athènes et Rome. On trouve dans la « Correspondance » le récit de cette expédition ; Flaubert en a rapporté, fixés dans son souvenir, les prodigieux tableaux qui se placeront dans Salammbô, dans la nouvelle Tentation, dans Hérodias.

Avant le départ, Bouilhet l’avait dissuadé de publier la première Tentation de saint Antoine, et il avait été convenu que Flaubert prendrait dans la réalité, dans la vie, un sujet lui permettant de garder son impassibilité, selon le dogme que l’on sait. Dès le retour, il tient sa promesse et commence la préparation de Madame Bovary, dont le thème lui fut vraisemblablement donné par son ami. Il y travaille cinq ans, soutenu par les conseils, maintenu par les critiques du vigilant Bouilhet. L’œuvre paraît enfin dans la Revue de Paris, du 1er octobre au 15 décembre 1840. Et le plus beau roman