Page:Flaubert - Madame Bovary, Conard, 1910.djvu/207

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— Oh ! je l’aurai ! s’écria-t-il en écrasant, d’un coup de bâton, une motte de terre devant lui.

Et, aussitôt, il examina la partie politique de l’entreprise. Il se demandait :

— Où se rencontrer ? par quel moyen ? On aura continuellement le marmot sur les épaules, et la bonne, les voisins, le mari, toute sorte de tracasseries considérables. Ah bah ! dit-il, on y perd trop de temps !

Puis il recommença :

— C’est qu’elle a des yeux qui vous entrent au cœur comme des vrilles. Et ce teint pâle !… Moi, qui adore les femmes pâles !

Au haut de la côte d’Argueil, sa résolution était prise.

— Il n’y a plus qu’à chercher les occasions. Eh bien, j’y passerai quelquefois, je leur enverrai du gibier, de la volaille ; je me ferai saigner, s’il le faut ; nous deviendrons amis, je les inviterai chez moi… Ah ! parbleu ! ajouta-t-il, voilà les Comices bientôt ; elle y sera, je la verrai. Nous commencerons, et hardiment, car c’est le plus sûr.