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Mme Caroline Commanville, sa nièce, à ceux de Maxime Du Camp, et enfin aux récents ouvrages, si intéressants et documentés, de M. le Dr René Dumesnil et de M. René Descharmes.

Au physique, Gustave Flaubert était un pur Normand, un véritable enfant des compagnons de Rollon et de Guillaume. Adolescent, il fut d’une surprenante beauté. Maxime Du Camp nous a laissé son portrait à vingt et un ans, « avec sa peau blanche, légèrement rosée sur les joues, ses longs cheveux fins et flottants, sa haute stature large des épaules, ses yeux énormes, couleur vert de mer, abrités sous des sourcils noirs, ses gestes excessifs et son rire éclatant ». Et les Goncourt nous le dépeignent à trente-huit ans : « Très grand, très large d’épaules, avec de beaux gros yeux saillants aux paupières un peu soufflées, des joues pleines, des moustaches rudes et tombantes, un teint martelé et plaqué de rouge ».

Dans ses entretiens, il usait volontiers de phrases outrancières, se répandait en anathèmes sans fin contre l’abjection de son temps qu’il appelait le « panmuflisme », contre la Bêtise Humaine et contre l’être qui la résume et la symbolise : le Bourgeois, poursuivant cet indestructible ennemi de plaisanteries énormes et de violences comiques et tonitruantes.

Mais ce fougueux nihiliste était un débonnaire et un tendre. « L’homme, dit Charles Lapierre, était simple, affectueux, ayant le culte de la famille. À quelque heure qu’il rentrât, il ne se