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ne sont qu’étranges ou sensuelles. Par une bizarrerie de plus qui ne saurait surprendre, ce roman contient évidemment une idée, une pensée sociale, bien que cette pensée ne soit pas facile à démêler, et l’auteur, sous forme de compliment, dit à l’avocat qui l’a défendu, à M. Sénard, que par sa magnifique plaidoirie il a donné à l’œuvre une autorité imprévue. Que la parole de M. Sénard ait donné une autorité imprévue à Madame Bovary, il est inutile de le rechercher ; il resterait à savoir si Madame Bovary peut rendre le même service à M. Sénard.



LA PRESSE
ET LA MORT DE FLAUBERT.

Lors de la mort de Flaubert, la presse tout entière rendit hommage au grand écrivain. Nous reproduisons quelques extraits d’articles pour en indiquer le sentiment.

Journal des Débats, 16 mai 1880 (Henri Houssaye).

Gustave Flaubert est mort il y a peu de jours à 59 ans. Depuis 25 ans, il était entré dans l’immortalité de l’écrivain. Gustave Flaubert est un des deux ou trois hommes de ce siècle qui ont été consacrés dès leur début. Si Madame Bovary n’a pas eu la vente énorme qui échoit aujourd’hui au premier roman venu, l’auteur a été tout de suite non pas seulement connu, mais reconnu, non pas seulement admiré, mais respecté comme un maître…

Le Temps, 10 mai 1880.

… Il a beaucoup observé et peu écrit, Madame Bovary reste son chef-d’œuvre malgré les pages admirables et les inoubliables descriptions de Salammbô. Le fils du chirurgien normand se révèle à chaque ligne de ce maître-livre qui faisait appeler par Sainte-Beuve Gustave Flaubert le grand prosateur de l’amphithéâtre littéraire.

La France, 10 mai 1880 (André Treille).

Les lettres viennent de perdre sinon une de leurs illustrations, du moins une de leurs célébrités. L’écrivain qui vient de mourir