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NOTES DE VOYAGES.

Coupe-Tête  ; jamais de réflexions dans ses récits abondants, rien que le fait. Il faut se rappeler la manière et le geste dont elle a dit : «  ils les ont assassinés  ». — Sur une voûte encore un reste de peinture  ; mais plus rien, tout est blanc  ; rien d’ecclésiastique, tout sent le tyran dans son rude château. C’est bien là que les prisonniers devaient vieillir et se courber la taille à la mesure des cachots. — Fraîcheur et humidité.

Église à côté, sur la place. — Ami de M. Pradier, moustaches rouges et droites, grosse cravate. — Vierge de Pradier, les mains jointes et la tête à peu près de trois quarts. — Peinture à fresque de Devéria, inachevée.

En revenant seul à l’hôtel pour commander le déjeuner, à qui demandai-je ma route  ? C’était tassé et blanc  ; trois ou quatre femmes sur le devant, une avec des roses  ; lits au fond, quelque chose de frais et d’attirant. Il me semble qu’il y avait des fleurs bleues sur la fenêtre.

La chambre du maréchal Brune : papier jaune et blanc  ; à deux lits, les pieds l’un contre l’autre  ; les marques de balles sont à droite, au fond, à côté de la cheminée.

D’Avignon à Tarascon. — Pluie. — Paysage plat, oliviers  ; les prairies étaient d’un vert tendre. — Pas de masses. — Le chef de Tarascon fumant son bout de cigare  ; femmes travaillant dans la cuisine : la maîtresse avec une coiffure d’Arles  ; la petite bonne rieuse (Mme  Germain) en casaquin vert, petites moustaches sur la lèvre.

 

Tarascon a l’air d’une ville dont tous les habitants sont partis en croisade. — Le château fort :