Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/120

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— Elles ont l’air d’anciennes habitations de Troglodytes. La roche est si déchiquetée qu’elle a des apparences animales, comme seraient des vertèbres informes. Le sable est couvert et rempli de détritus humains, noirs et blancs au soleil, morceaux de momies, fémurs. Nous en ramassons quelques-uns, comme nous avons fait hier, en allant au Sphinx, vers les trois figures de granit couchées dans le sable. Quelqu’un a effacé une partie du cartouche qui est sur l’une d’elles. — Scènes en demi-relief : tributs amenés à un roi, bœufs, ânes (parfaits) ; au fond, un grand Isis et Osiris assis, fort beaux. Les sculptures paraissent plus pures que celles de l’hypogée. — Petites cellules peu profondes ; sur le même côté, statue debout, fruste, la tête un peu dans les épaules.

Promenade à cheval dans le désert l’après-midi. Nous passons entre la première et la seconde Pyramide, nous arrivons bientôt devant une vallée de sable, faite comme par un seul grand coup de vent. Grandes places de pierres qui semblent de la lave. — Temps de galop, essai de nos cornets, silence. Il nous semble que nous sommes sur une grève marine et que nous allons bientôt voir les flots ; nos moustaches sont salées, le vent est âpre et fortifiant ; des traces de chacal, des pas de chameau à demi effacés par le vent. En haut de chaque colline on s’attend à découvrir quelque chose de nouveau et l’on ne découvre que toujours le désert.

Nous revenons ; le soleil se couche. — La verte Égypte au fond ; à gauche, pente de terrain toute blanche, on dirait de la neige : les premiers plans sont tout violets ; les cailloux brillent, baignés littéralement