Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/126

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À partir de lundi 17, toute la semaine il a plu ; le temps a été employé à l’analyse des notes de Bekir-bey et à la photographie. Deux fois, nous nous sommes risqués avec nos grandes bottes dans les rues du Caire, pleines de lacs de boue : les pauvres Arabes pataugeaient là dedans jusqu’à mi-jambe et grelottaient ; les affaires sont suspendues, les bazars fermés, aspect triste et froid ; des maisons s’écroulent sous la pluie. Pour sécher la boue, on répand dessus de la cendre et des décombres, ainsi s’élève graduellement le niveau des terrains.

Samedi 22, visite au tombeau d’Ibrahim-Pacha dans la plaine qui est entre le Mokattam et le Nil, après Caraméïdan. Tous les tombeaux de la famille de Méhémet-Ali sont d’un goût déplorable, rococo, canova, europo-oriental, peintures et guirlandes de cabaret, et par là-dessus des petits lustres de bal.

Nous longeons l’aqueduc qui porte des eaux à la citadelle ; des chiens libres dormaient et flânaient au soleil, des oiseaux de proie tournaient dans le ciel. — Chien déchiquetant un âne dont il ne restait qu’une partie du squelette et la tête avec la peau complète ; la tête, à cause des os, est sans doute le plus mauvais morceau. C’est toujours par les yeux que les oiseaux commencent, et les chiens généralement par le ventre ou l’anus ; ils vont, tous, des parties les plus tendres aux plus dures.

Jardin de Rhoda. — Grand, mal tenu, plein de beaux arbres, palmiste des Indes. Au bout, du côté du Caire, escalier qui descend dans l’eau. — Palais de Méhémet-bey (sur la droite en regardant