Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/168

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gomme (à gauche, du même côté que le café). Le dessus, fait de nattes de palmier, était pénétré de soleil, il pendait en déchirures épaisses, losangées, etc. — Toiles d’araignées qui pendaient dans les coins. — La poussière unissait le ton varié des fils des nattes ; le bleu du ciel, féroce, passait à travers les trous de formes différentes.

Le Mâlim avec son fils, malade.

Le gouverneur, sur le devant de sa porte, porte ses deux mains à son turban pour saluer nos firmans ; à côté de lui, un gros blond obèse, couvert d’habits, ancien gouverneur de Wadi-Halfa. On lui amène un homme qui a découvert de l’argent dans l’île d’Éléphantine, qui l’a déclaré, et auquel on n’en donne pas moins la question pour savoir s’il n’a pas mis quelques pièces de côté ; un soldat déserteur ; une petite Nubienne fort bien faite, dont on mesure la taille avec un bâton pour tarifer la somme que chaque marchand doit payer par tête d’esclave.

Dans une boutique nous voyons une almée, grande, mince, noire ou plutôt verte, cheveux crépus nègres ; ses yeux d’étain roulent, de profil elle est charmante. — Autre petite femme gaie, avec ses cheveux crépus, ébouriffés sous son tarbouch.

Azizeh. — Cette grande fille s’appelle Azizeh. Sa danse est plus savante que celle de Ruchiouk. Pour danser elle quitte son vêtement large et passe une robe d’indienne à corsage européen. Elle s’y met ; son col glisse sur les vertèbres d’arrière en avant, et plus souvent de côté, de manière à croire que la tête va tomber : cela fait un effet de décapitement effrayant.