Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/183

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vu faire ses ablutions et ses prières comme un bon dévot) ; il est venu ici pour le travail de canalisation des cataractes. Nous lui faisons cadeau d’une bouteille de raki, ce qui paraît lui faire extrêmement plaisir : il faut qu’il prenne la goutte tous les matins, « il ne peut s’en passer ».

Djebel-Abousir. — Samedi 23, excursion à Djebel-Abousir, par le désert d’Abou-Solôme, rive gauche du Nil.

Le derrière de la montagne « ahones principier à ganter la montagne » (sic) ressemble au derrière de la tête du Sphinx. Beau ravin de sable entre les roches. La deuxième cataracte, dont nous ne voyons d’ici qu’une partie, me paraît plus plate que la première. C’est une succession de petits lacs encadrés dans des rochers noirs très luisants, comme du charbon de terre. Çà et là, entre l’eau et les granits noirs, quelques lignes minces de verdure ; ce sont des gazis qui ont poussé entre les roches. La tête d’Abousir, par derrière (forme de champignon), est couverte de noms de voyageurs : toutes dates modernes, peu de Français, presque tous Anglais ; il y en a qui ont dû demander trois jours à entailler. — Belzoni 1816.

Nous descendons vers la seconde cataracte par une pente de sable où nous enfonçons jusqu’aux genoux. D’en bas, la montagne, coupée à pic, ressemble à une falaise. Il y a dans l’épaisseur du roc une grande entaille, comme une dalle immense posée de champ, comme un long pan de mur qui se détache. Nos Arabes jettent des troncs dans la fissure pour faire envoler des oiseaux. — Silence. — Bruit de l’eau et des cascades, tourbillons sur le courant. Des endroits plats, tels que des nappes