Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/198

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offrir une autre que prend Max. Ça a dû être une désolation pour ces pauvres femmes, qui paraissent y tenir beaucoup. Sous le soleil du matin il y avait là des têtes luisantes de graisse, qui brillaient comme des barques goudronnées à neuf.

Kircheh. — Sable. — Le village a l’air moins pauvre que le précédent. Un grand arbre sous lequel sont assis des bœufs du Sennahar avec leur figure à la Apis et leur bosse sur le garrot. À droite, en montant vers le temple, mosquée carrée, bâtisse en limon gris assez propre. Nous montons, des enfants prennent des bouts de câble pour nous servir de torches.

Dromos détruit, colosses mutilés, quelques-uns n’ont plus que la saillie des pierres où ils se tiennent encore par parties ; la tête de l’un est renversée par terre, le front en bas.

Spéos comme celui d’Ipsamboul, colosses de même style, encore plus trapus. L’allée au milieu d’eux est étroite ; dans les bas côtés, excavations carrées dans la muraille où sont des figures en pied méconnaissables. Les colosses de l’intérieur portent sur le ventre, à la place de l’agrafe de leur ceinture, des têtes de lions. On est ébloui et étourdi par la multitude de chauves-souris ; elles tournoient et crient ; nos enfants arabes agitent leurs torches, un d’eux se tenant debout sur une table et levant sa torche en l’air. Quand elles partent par la porte d’entrée, on voit l’air bleu à travers les minces ailes grises des chauves-souris. À la porte un âne se tenait, découpé dans la lumière ; au delà le ciel et le Nil sont tout bleus ; entre le ciel et le Nil, une ligne jaune, c’est le sable.