Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/206

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page d’histoire ne doit pas être salie » et l’annotation « une page d’histoire ne s’efface pas ».

Mardi. — Parti par le désert, avec cinq chameaux portant notre immense bataclan. — Deux stations pour boire ; dans la seconde, près du gros vase, une petite souris morte.

Arrivé à Assouan à peu près en même temps que Max, qui a descendu la cataracte en sandal.

Assouan. — Mercredi 17. — Promenade dans Assouan, achat d’une bague d’argent à une marchande de pain ; les marchandes de pain, au coin des rues, sont généralement d’anciennes almées. — Soultân, pauvre diable écrasé, rongé, dévoré de vérole, que j’ai l’idée d’expédier au Caire.

Au coucher du soleil, visite de ces dames, Azizeh et la petite rieuse, et une troisième, grande, de figure immobile et marquée de petite vérole ; les marins nous regardent, avec du public survenu pour la circonstance au bruit des tarabouks, tout cela nous dérange. — Elles ont toutes ce mouvement de cou glissant sur la vertèbre qui nous avait émerveillés la première fois. Nous nous enfermons avec elles pour qu’elles nous dansent l’abeille, qui est un mythe ; Joseph prétend ne l’avoir vraiment vu danser qu’une fois et c’était par un homme. Quant à celle-ci, ça consiste à se mettre nue et à crier : « in ny a oh ! in ny a oh ! ».

Jeudi 18. — Matin, visite du gouverneur d’Assouan, de Mâlim-Khalil et de son fils, du nazir d’Ibrim ; ces messieurs viennent dans l’espérance d’une bouteille de raki, nous payons une oque de tabac à Mâlim-Khalil. Ce sont tous d’affreuses canailles et dont la bassesse reluit de tous les res-