Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/214

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que nous suivons, la sonde des pilotes a heurté ces grands rochers (les m..... d’oiseaux par terre ou sur les pierres semblent de loin la couleur de la pierre ou de la terre), car le Nil s’ennuie dans ses sables et change de cours.

Jeudi 25. — Temps de khamsin, retenus tout le jour au mouillage de Sabayeh.

Esneh. — Vendredi 26. — Arrivés à 6 heures du matin, temps lourd et couvert, le ciel est blanc.

À 10 heures environ, Bambeh vient à la cange et monte à bord ; elle a mal à l’œil droit, qui est couvert de son bandeau, nous lui donnons de l’eau blanche. Le mouton n’est plus avec elle, le mouton est mort. Nous allons chez Ruchiouk-Hânem, par le derrière de la ville, Bambeh marche devant nous.

Chez Ruchiouh-Hânem. — La maison, la cour, l’escalier ruiné, tout est là, mais elle n’est plus là, elle, sur le haut, le torse nu, éclairée, dans le soleil. Nous entendons sa voix qui salue Joseph ; nous montons au premier, Zeneb verse de l’eau sur les pavés. Silence, temps lourd, nous attendons.

Elle arrive, sans tarbouch, sans collier, ses petites tresses tombent au hasard, nu-tête ; aussi son crâne est très petit, à partir des tempes. Elle a l’air fatigué, et d’avoir été malade. Elle se coiffe avec un mouchoir, elle envoie chercher ses colliers et ses boucles d’oreilles, que tient en dépôt un seraf de la ville, avec son argent ; elle n’a rien chez elle de peur qu’on ne la vole. Nous nous faisons des politesses et des compliments. Elle a beaucoup pensé à nous, elle nous regarde comme