Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/247

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balancent sur le sable. À 9 heures et demie nous passons près d’une grande construction entourée de murs carrés, c’est le puits de El-Hamamat, creusé par les Anglais. Nous allons coucher une demi-heure plus loin, après onze heures de marche.

Lundi 20, partis à 4 heures et demie. Défilé dans les montagnes, montée et descente. Au milieu de la route, dans un écartement des montagnes, un gazis mort et dont l’écorce a été enlevée ; quelques autres petits en fleurs, plus loin. Un de nos deux chameliers prend une outre vide et court devant nous ; une grande heure après, nous le rejoignons à Bir-el-Ceb (puits de la Serrure, puits fermé). Le puits est une excavation de trois pieds de diamètre dans la terre, on se glisse sous un rocher pour y pénétrer ; il a peu d’eau et encore est-elle très terreuse ; c’est dans un endroit fort resserré en venant de Keneh, la route monte après. Au bas du puits, dix pas avant d’y arriver, un vieux Turc est là, tranquillement assis, avec ses domestiques et ses femmes, sur des tapis. Près du puits, un chameau râlant couché sur le flanc ; il s’est cassé les reins en tombant dans le puits, son maître l’en a retiré, et il reste là à mourir depuis trois mois. Quand son maître passe, il lui donne à manger et les Arabes lui donnent à boire ; la grande affluence de Hadjis au puits explique comment il n’est pas dévoré par les bêtes féroces.

Pendant que nous sommes là, passe une caravane qui nous croise : la gorge est fort étroite, encombrement de chameaux et de gens ; il faut mettre pied à terre et conduire les dromadaires