Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/282

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cile. La voie recommence, elle s’arrête à deux fontaines qui coulent à pleine gorge. — Collines qu’on monte et qu’on descend. — Autre montagne, mais d’un effet moins magnifiquement empoignant comme montée ; il n’y a qu’au haut, d’où l’on a une vue immense de la mer, tout à coup. C’est sur celle-là qu’allaient, faites pour elle, les galères à proues peintes. De là on peut voir Tyr, là sans doute on venait pour voir arriver les vaisseaux qui revenaient de ?… ; plaine à nos pieds à gauche. — Une ancienne maison à l’ombre de laquelle nous haltons un instant, deux étrons à l’endroit le plus beau. Il faut repartir, nous redescendons. — Déjeuner dans le bouquet d’arbres que nous apercevions d’en haut ; nous dormons au bord de la route sous un saule.

Repartis, on va tout droit ; un janissaire, vêtu de blanc, passe au galop devant nous ; à l’entrée d’un petit pont nous rencontrons une troupe de gens à mine étrange, bronzés, hâlés, quelques-uns avec des peaux de gazelle et de mouton, coiffés de bonnets pointus ; deux portent sur leurs épaules quelque chose d’enveloppé dans une coiffe, qui m’a l’air de guitare et qui pourrait être des carabines : ce sont des derviches, arrêtés par la police du lieu pour voyager sans tesquereh. Cette bande n’a pas l’air rassurant, Max se rapproche des bagages. — Rencontre de Bédouins du pays de Hauvay, ils viennent vendre des blés à Saint-Jean-d’Acre. — Gens hâlés, beaux comme chic, avec des cordes de chameau à la tête et de grandes couvertures à raies sur les épaules. — Deux femmes marchant à pied, l’une a les lèvres peintes en bleu.