Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/297

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Au-dessus, scènes de la vie de Jésus, les Saintes Vierges avec le bambino, auréolées d’argent ainsi que lui. — On voit ainsi la figure peinte dans un cadre de métal, une a au doigt un vrai diamant. — Tableau des martyrs : les gens qui lapident saint Étienne sont d’une férocité intentionnelle bien grotesque, voilà de vrais « meschants ». Un lion qui dévore je ne sais plus quel saint, à côté, c’est aussi fort bon ; il a la gueule plus grande que le reste du corps. Un saint Laurent sur des flammes impossibles. Du côté de la porte, un Martyre des Innocents où au moins il y a quelques intentions : un petit enfant, au premier plan, qui meurt en vomissant.

À mesure qu’on examine le détail de cette église, la première impression s’en va. Si le mot d’Henri Heine, « le catholicisme est une religion d’été », est d’une vérité de sensualité si profonde, le mot n’en est pas moins pour moi lié à l’idée moyen âge, et celle de moyen âge à l’idée de pluie et de brouillard. Ô pauvres églises de ma patrie, aux parois verdies par les hivers, combien je vous aime ! Religieusement parlant, ce n’est plus de notre monde à nous. Luther est revenu protestant de l’Italie de Léon X.

Dans l’église grecque du Saint-Sépulcre, même ornementation. C’était charmant, une grande lumière illuminait tout, vêtements blancs des femmes, turbans et vestes de couleur des hommes, groupes debout tournés du côté de l’autel, patriarches à barbe blanche, Grecs venant baiser toutes les scènes de la Passion qui sont sur la cloison qui sépare l’église du chœur véritable. L’église arménienne, effet plein de fantaisie : des longues guir-