Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/318

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par-dessus lequel il y a du violet recouvert d’une transparence de rose.

À trois quarts d’heure de la mer Morte environ, on commence à gravir la montagne. À partir d’ici pour aller à Saint-Saba on ne fait que tourner, descendre, remonter ; ce sont des demi-lunes, des cirques, des murs géants, et quand on se retourne l’immense horizon de tout à l’heure et qui grandit à mesure que l’on s’élève.

Nous allons sur la corniche d’un mur ; à nos pieds, un précipice ; au fond, une grande ligne blanche avec des arbres sur ses bords comme une route, c’est le torrent desséché. — Perdrix qui trottinent sur le sable sec. — Après cette première chaîne, une seconde, une crête comme le dos d’un poisson échoué là, ou comme le dessus de la nef d’une église ; un plateau, une troisième chaîne se présente, ça recommence. La terre est piquée de touffes rousses pâles de ces grosses perruques épineuses que l’on voit partout ; des places léopardées, comme la veille ; toute l’herbe qu’il y a est de la paille desséchée, droite et dure, poussée à la hauteur d’un pouce environ. Le ciel bleu sec et dur, de temps à autre une bouffée de vent frais ; il fait bien moins chaud que le matin, du Jourdain à la mer Morte. Une citerne creusée dans le roc à droite, l’eau est verte, elle a mauvais goût ; Abou-Issa en puise avec une corde. — Pierres pour découvrir la montagne d’El-Habi-Moura, sur laquelle est une mosquée ; elles sont rangées de façon presque à faire croire que ce sont des tombes.

Saint-Saba. — Avant d’arriver à Saint-Saba, une grande rampe qui mène jusqu’au couvent.