Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/333

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grottes et une forteresse taillée à même la montagne. Il y a ici un peu de verdure, les bouquets d’azaroliers reparaissent comme à la mer Morte.

Quelques huttes ou gourbis, un cours d’eau, Génézareth, quelques maisons à droite du sentier : cela dure quelque temps. On a à sa gauche un vallon étroit, dans une direction parallèle à celle de la route et dont les pans chocolat sont taillés à pic par assises ; puis, par une pente douce, on s’élève doucement. De grandes herbes blanc doré, ou filasse blonde, desséchées, couvrent le sol ; à droite, un troupeau de dromadaires qui broute dedans, éparpillé et levant le nez quand nous passons. Second cours d’eau ; lauriers-roses : deux bouquets superbes, un de chaque côté du sentier. Ici on commence véritablement à monter, peu à peu toutes les autres montagnes de derrière vous s’élèvent, le paysage suit votre mouvement, si bien que lorsqu’on se retourne, le lac, qui est bien plus bas que vous, semble être à votre niveau. Graduellement, les montagnes brun roux, vagues, allongées les unes derrière les autres, saillissent en s’allongeant. Halte à l’ombre d’une falaise à assises et à couleur de rouille, une source coule là. Nous repartons, tout s’agrandit, se développe, le bout du lac de Tibériade se perd dans la brume, on voit le dôme oblong du Thabor qui paraît plus grand que les autres montagnes.

Zafeth. — La forteresse de Zafeth, en haut du pays, assise sur le versant. — Rues si étroites que notre bagage ne peut passer ; foule pour nous voir, surtout des juifs avec leurs affreuses coiffures. Nous descendons chez un d’eux agent consulaire français, qui nous installe dans une petite salle