Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/362

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La forteresse est bâtie avec les anciennes pierres du temple ; on voit dans un mur des bases de colonnes, des chapiteaux renversés, des fûts de pilastres, etc., le tout engencé selon l’alignement de la muraille. Elle est, du reste, solide et crâne. Sur la frise du naos, petit reste de mur arabe, côté Nord.

Dans la cour, arcades intérieures dans les murs, comme à Saint-Jean-d’Acre.

Lundi soir, 16.

Mardi, vers 10 heures, nous partons de Baalbeck, quittant notre hôte à barbe blanche qui, pour nos 40 piastres, nous comble de bénédictions. Nous dirigeant droit vers Deir-Lachmar, nous sommes trois heures à traverser la plaine ; rien à remarquer si ce n’est le Liban devant nous, composé de deux parties : la première, verte et qui fait bosse un peu jusqu’au milieu de la montagne, et la seconde toute grise. — Femmes à visage brun, avec des voiles blancs sur la tête, qui coupent des blés dans les herbes sèches de la plaine ; toutes s’arrêtent quand nous passons, elles nous regardent avec avidité et étrangeté, leur faucille à la main.

À 1 heure et demie nous arrivons à Deir-Lachmar, après que Maxime, en partant au galop, a eu occasionné la chute du bagage de deux mulets et demi. Nous campons sous une espèce de hangar soutenu par deux colonnes, au milieu des volailles, des chiens, des ânes et des femmes. Elles sont généralement laides et sales ; leurs tetons pointus pendent et ballottent dans et hors de leur robe grise de poussière. Circule lentement, s’appuyant sur une canne, un vieux gueux à barbe blanche