Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/381

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Le lieutenant, à mon nom, me demande si je ne suis pas le fils du médecin ; il me dit s’appeler M. Lenormand et être parent d’E. Chevalier. La première et seule fois que je l’ai vu, c’était en 1832, à Rouen, chez M. Mignot, lorsqu’il venait pour subir son premier examen de marine ; il n’avait pas encore vu la mer ; nous ne nous doutions guère alors, ni l’un ni l’autre, que nous nous rencontrerions sur la côte de Syrie ; à cette époque il n’avait pas de barbe, et je le retrouve tout chauve.

Instances ennuyeuses du supérieur Carmélite pour nous faire accepter un rafraîchissement quelconque. — Longue visite du Père Amaya, Maxime va voir M. de Choisey et je reste seul avec lui. Nous causons ensemble des passions. Au point de vue chrétien, l’orgueil est la mère de tout péché, comme sentiment désordonné du moi, comme attirant tout au moi, au lieu de l’attirer vers Dieu.

La maison des Lazaristes. J’y avais été le matin et j’avais aidé le Père Amaya à ouvrir les fenêtres et à refaire le divan. — Grosse femme du procureur. — On traverse une cour abandonnée, petit jardin avec deux bananiers à gauche, escalier sans rampe, chambres assez propres. Deux tableaux passables dans leur chapelle, entre autres un portrait de saint Vincent de Paul. Le Père Amaya se plaint que les vers lui mangent tous les livres de sa bibliothèque. À 6 heures nous lui faisons nos adieux pour aller dîner chez M. de Choisey.

M. de Choisey (ex-M. Gudin), aide de camp du duc de Nemours, a eu des malheurs au jeu et est venu se réfugier à Tripoli ; homme commun et trop poli, vous accable de prévenances. On se sent mal à l’aise chez lui, parce qu’on n’y ose parler de