Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/399

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pâle, bordés d’or, la mer brune, les montagnes du fond violettes, presque noires. — Feux d’herbes dans les champs comme nous arrivions à Sorôné ; nos mulets passent dans la fumée. — Quelques beaux chiens dans l’île, lévriers. Au bas de la descente de Philérimos, de beaux chiens roux nous regardent passer. Nous avons marché, ce jour-là, sept heures.

Sorôné. — Nous couchons dans une grande salle, séparée par une arcade au milieu ; l’ornement principal consiste en une quantité d’assiettes communes, peintes, accrochées par un clou et un fil à la muraille, les derniers rangs sont si haut qu’il faut une échelle pour y atteindre. Max couche sur l’espèce de dikkeh, estrade qui est à droite en entrant, moi par terre sur mon matelas, les deux moucres sont couchés à côté de la cheminée, Stéphany et Sassetti par terre sur une couverture, les deux époux, maîtres de la maison, en retrait dans l’enfoncement. Une lampe pend de la voûte et éclaire la chambre, une autre domine l’estrade ; la première s’éteint d’abord, puis la seconde. — Les puces ! — Couché sur mon matelas, je regarde cet intérieur rustique, je vais fumer des pipes dehors, je rentre quand il fait trop froid, il pleut un peu. À 2 heures et demie, les moucres se réveillent et rallument, nous parcourons le village pour avoir du café, Stéphany m’apporte du phrascomia, sorte de tisane sauvage dont font usage les vieillards d’ici : c’est un tonique et un réchauffant. Nous faisons pas mal de bruit dans le pays et nous troublons le sommeil des habitants. — Plaisanteries de notre Dimitri, qui est un gaillard très aimable et spirituel. — Nous partons à