Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/404

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côté de la mer et dans les rochers sur lesquels la forteresse est bâtie. En bas, il y a des excavations dans lesquelles la mer s’engouffre ; elle est immense et tranquille, couleur vert fond de bouteille, en bas, sous moi, quoique transparente ; je la regarde longtemps entre les créneaux des vieux murs. À gauche, du côté de la terre, vue du golfe. J’ai derrière moi, au delà de Lindo, la montagne sèche, grise, un peu bleue à ses pieds ; une plate-forme ; c’est là qu’est le temple troglodytique de Minerve. Le village est dans le fond, au bas de la forteresse, avec les terrasses blanches de ses maisons. Maxime va voir le temple et moi je ne peux me détacher de la forteresse où je reste le plus longtemps possible : c’est ce qui m’a le plus impressionné de toute l’île de Rhodes.

Nous repartons à 2 heures ; nous reprenons quelque temps la même route, puis nous la laissons à gauche et nous tournons une petite baie, un promontoire de rochers, une seconde baie plus large ; les pieds de nos mulets enfoncent dans les cailloux de la plage. Nous quittons le bord de la mer.

Massari. — Nous passons près de Massari, caché dans la verdure. — Un maçon qui travaille à une maison. — Cour verte, avec de splendides et énormes grenades qui pendent aux branches de l’arbuste. Mon mulet me secoue, je descends, il m’échappe, course à travers le village pour le reprendre, je remonte dessus ; je ne peux plus aller dessus qu’au pas ou au galop. — Grande plaine. — Nous marchons pendant près d’un quart de lieue dans le lit desséché du Gaïdouro Potamos, il est plein de cailloux et de lauriers-roses.