Page:Flaubert - Notes de voyages, I.djvu/90

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
ÉGYPTE.

core dans ce large milieu ; la régularité des habitudes, que rien ne rompait, faisait perdre toute notion du temps, on ne savait jamais à quel jour de la semaine on était.

Mon meilleur ami était le second, Roux ; nous causions voyages par mer ; récits du cap Horn, homme jeté à la mer et enfoncé dans l’eau (perdu) par un coup de bec d’albatros.

Mardi soir, vue de Maritimo. La lune roule sur les flots, il semble qu’elle se tord dedans comme un grand flambeau. — Aperception de casques roulant sur l’écume, qui s’emplissent et disparaissent, souvenir des guerres puniques. — Je me sentais bien en mer.

Malte. — Mercredi soir, arrivés à Malte vers 9 heures. — Conversation politique et socialiste après le dîner. — Le père Pélissier reconnait Maxime pour l’avoir vu aux affaires de Juin.

Le jeudi il fait assez beau comme nous nous réveillons. Dans le port circulent des barques peintes en bandes rouges et vertes, avec un tendelet en indienne, des glands de coton. Une planche, mise de champ, forme la relevée de la proue. Quand ils sont deux à nager, dans ces embarcations, le premier (plus près de l’arrière), debout, pousse, et le second, assis, tire (ramant comme nous).

Pour gagner la ville, on passe sous un grand passage voûté et l’on monte une rue pleine de marchands de fromages et de poissons secs, qui nous initie à la puanteur des épiciers grecs, que l’on retrouve partout dans le Levant, depuis Alexandrie jusqu’à Patras.

Aspect propre et pittoresque, toutes les rues en