Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/17

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un petit homme gris et maigre et qui ressemblerait à une femme, sans ses moustaches. Il passe une femme à cheval, à califourchon, toute voilée de blanc de la tête aux pieds.

Montée ; nous retrouvons la voie antique qui nous suit jusqu’à Éphèse. — Descente : à gauche, torrent encombré de chênes, de frênes, etc., le torrent tombe en petites cascades ; paysage de romans de chevaliers, il y a là quelque chose de vigoureux et de calme. Je pense à Homère, il me semble que l’eau dans son murmure roule des vers grecs perdus. Je suis en avant de tout le monde ; je passe au milieu d’un troupeau de chèvres : elles sont rousses et noires avec des taches blanches, elles ont des yeux jaunes, pêle-mêle, au hasard, perchées sur des pointes de rocher entre les arbres, une surtout, qui baissait la tête, en bas, regardait l’eau et semblait l’écouter. Il faisait du vent dans les feuilles, au-dessus de moi le ciel bleu pâle. La route ici est très resserrée entre les flancs des deux montagnes.

Un aqueduc de marbre, tout gris maintenant, va d’une montagne à l’autre ; il a deux rangées d’arcades, grêle d’ailleurs ; une inscription le déclare dédié à César Auguste.

Plaine d’Éphèse. — Ah ! c’est beau ! orientalement et antiquement splendide ! ça rappelle les luxes perdus, les manteaux de pourpre brodés d’or. Érostrate ! comme il a dû jouir ! La Diane d’Éphèse !… À ma gauche, des mamelons de montagne ont des formes de teton poire. Suivant toujours le sentier, nous traversons un petit bois d’arbustes (ligaria, en grec) et nous arrivons à Éphèse.

Iasoulouk (Éphèse). — Dômes en briques.