Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/27

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lévriers ! Il fait beau clair de lune, je me promène dans la cour ; au fond, à gauche, du côté des écuries, un Arabe joue de la flûte.

Samedi 26, à 5 heures du matin, nous partons. Interminable file de chameaux qui défilent dans la clarté vaporeuse et blanche du matin ; la caravane était peut-être composée de trois à quatre mille chameaux (?), les petits ânes qui en conduisent les différentes sections ne paraissent pas plus grands que des chiens ; sur l’âne est le conducteur, dans son habar raide de feutre blanc.

Nous marchons d’abord dans une espèce de désert, lande ouverte, puis grand ravin à sec. On monte, plateau à gauche ; au pied des montagnes est Nymphio. — Colique stomachique de Stéphany. — Déjeuner à un café grec où je le trouve couché sur le dos. — De là à Nymphio, une heure à travers champs, chemin plein d’ombre, d’eau, de sources, de broussailles et de cascades ; je dors sur mon cheval et je ne vois guère Nymphio que d’un œil entr’ouvert.

Je suis pris de la rage d’arriver, ce que j’éprouve toutes les fois que je dois terminer quelque chose, que je touche à un but quelconque, à une fin quelle qu’elle soit ; je galope. — Village au haut de la montagne qui domine la plaine de Smyrne ; descente sur une voie pavée, oliviers ; la ville n’arrive pas ! — Je retrouve Sassetti. — Champ des morts des deux côtés de la route. — Pont des caravanes ; désillusion complète, la plus forte ou, pour mieux dire, la seule que j’aie eue en voyage : il a une balustrade en fer ! — Nous entrons par le quartier arménien et grec. Maisons européennes ; ça ressemble à une ville de province de second