Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/308

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Vendredi. — Visite au palais du bey. Rien n’est ravissant comme le patio, incrusté de bandes noires sur le fond blanc du marbre. Au-dessus, des ornements en plâtre !!! Les murs des appartements, en petits carreaux de faïence ; puis, au-dessus de la faïence, la bande de plâtre. Pas un des carrés pleins d’ornements ne ressemble à l’autre, quelquefois les vis-à-vis se ressemblent. — Merveilleux plafonds, profonds, creusés, peints en vert, en bleu et en or.

Le mobilier (Empire et Restauration : pendules dorées à sujets, canapés et fauteuils en acajou), avec les lithographies coloriées (vieux Devéria, Amour, François Ier et sa sœur), déshonore cette merveille de l’architecture arabe.

Il en est de même pour le palais de la Manouba, où nous avons été l’après-midi. — Rencontré des Bédouins armés de coutelas énormes. — Aqueduc espagnol. — Le Bardo. — Jardin de la Manouba : on embaume ; quantité de petites colonnes sur lesquelles sont des vases pleins de plantes en fleurs. — Un plafond à poutrelles bleues ; le tranchant est doré, ça fait comme de grandes lames d’épées bleuâtres, dont le fil serait d’or. — Jardinier français passablement idiot, camus.

Retour par le lac derrière Tunis, une immense bande de flamants est au milieu. — Monticule. — Quartier maure. — Fait le tour de la ville, rentré par la place. — Le soir, au cercle.

Samedi, 1er mai. — Porté mes lettres au consulat. — Sellier. — Juive : on est enfermé sous les rideaux qui pendent carrément.

En allant à Utique. — Plaine ; à gauche, des montagnes basses à grandes ondulations