Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/31

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par une des anciennes portes ; dans la cour intérieure, une petite mosquée, de l’herbe partout ; je n’ai pas le temps de voir s’il y a quelque chose à voir, la nuit tombe et je regarde le coucher du soleil. Je n’en ai pas encore vu de si diversement beau, à cause des découpures du golfe et des montagnes : à gauche, derrière les montagnes des Deux-Frères, bleu ardoise sombre ; au-dessus, le ciel est empourpré, vermeil ; du côté de Bournabah, les montagnes sont blondes de tous les blonds possibles, puis roses, rouges… Ô mon Dieu ! mon Dieu !… !!!… ???

Je m’en reviens, je traverse le petit champ des morts, en pente, et je rentre dans la ville par le quartier juif et turc. Rues étroites, la pluie des jours passés fait des rivières entre l’espace des deux trottoirs des rues ; petites lampes allumées aux boutiques ; foule grouillante. Approche de l’hiver, froid. Quelques maisons éclairées, gens qui entrent, gens qui sortent, de la mangeaille, des chiens et des enfants sur les portes, intérieurs sombres.

Jeudi 7 novembre. — Promenade à Cordelio avec Stéphany. — On suit la route de Cassaba, puis on tourne à gauche comme pour aller à Bournabah, et on la quitte pour prendre à gauche, au bout de quelque temps. Chaussée pavée, grand marais salin au bord de la mer, petites criques. À droite, montagnes nues ; à gauche, au premier plan, la mer ; Smyrne de l’autre côté du golfe ; en face de nous, les verdures de Cordelio. — Passe dans les rochers ; à l’entrée un laurier-rose. Je m’arrête là à regarder les chameaux qui viennent.

Halte à un café, servi par un jeune homme