Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/314

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Course au bord de la Sebkha-el-Rhouan. Elle communique à la mer par trois ouvertures entre de grandes banquises plates ; la terre, quand il y en a, est couverte de touffes jaunes, en fleurs, pareilles à la fleur du genêt. L’eau s’est retirée ; il reste de grandes flaques sèches, couvertes de sel, cela a l’air de neige. Entre les bancs de sable de Kamart, la mer apparaît avec une brutalité inouïe, comme une plaque d’indigo, le ciel bleu en paraît pâle, le sable est blond, des mouettes volent magistralement : ça a l’air de l’écume des vagues qui s’envole, de grands flocons blancs emportés par le vent, dans les airs.

Nous revenons de la Sebkha en longeant la face Ouest de Kamart : bois d’oliviers à notre gauche, troupeaux de moutons à tête noire et à queue carrée. Les bœufs et les vaches ne sont pas plus grands que des veaux.

J’ai rencontré le bey dans une sorte de mylord.

Dîné seul dans une chambre, à l’hôtel italien de la Marsa.

Mardi 9 heures et demie du soir.

Quand on vient de la Marsa par le bord de la mer pour aller à Saint-Louis, on a à droite la montagne de Sidi-bou-Saïd ; à gauche, la mer ; une fontaine d’eau douce en sortant de la Marsa, à droite. Partout où l’on creuse sur ce rivage, on trouve de l’eau douce.

Dans la mer, rochers carrés, rouges ; les falaises en terre, généralement ; les ravins qui les coupent régulièrement les font ressembler à des colonnes informes obliquement posées.

Quatre golfes : Kamart, Meria, Sidi-bou-Saïd