Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/326

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des pantoufles fort sales. — Un Français à haute chéchia, que je prends pour un employé du bey, fils d’un instructeur français.

Dîner. — Appartement en pente. — Le capucin chauve, humble et empressé. — Nous logeons dans les appartements de Monseigneur ; on nous dit que nous ne pouvons monter sur les terrasses à cause de la jalousie des Maures. Dans l’Église, ce sont des tasses à café au lait enfoncées dans la muraille qui servent de bénitier.

Porto-Farina est tout à fait adossé à la montagne, en pente. — Un beau café, où nous avons été le soir.

Mercredi 12. — Le matin, promenade au pied de la montagne pour voir la ville. Partis à 8 heures nous tournons le lac. Plaine, soleil. Ces messieurs nous quittent au passage de la Medjerdah. Toute la journée, nous marchons dans la plaine qui n’en finit ; les montagnes de Porto-Farina, vers 3 heures du soir, paraissent grises avec un glacis rose ; au sommet, des taches blanches comme de la neige. Sur l’immensité de la plaine, à l’horizon, points noirs carrés ; ce sont des huttes de Bédouins, en terre.

Des blés verts, des places où l’eau a séjourné ; la terre se fend si régulièrement, en forme de dalles, comme dans la Haute-Égypte.

Nous passons la Rivière sans eau, ancien lit de la Medjerdah. Du côté de la Goulette, en face, des fumées filent à ras de terre, cela se représente plusieurs fois. Mirage ? les objets supérieurs, estompés à la base par ces fumées, ont l’air suspendu. À gauche, la montagne de Kamart ; à l’horizon, les bois de l’Ariana. La Sebkha est à droite.