Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/328

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enivré, il disparaît sous les dorures et les croix. Chacun, à la file l’un de l’autre, vient baiser l’intérieur de sa main, dont il appuie le coude sur un coussin. Presque tous donnent deux baisers : un, puis ils touchent le haut de la main avec leur front, et un second baiser pour finir.

D’abord les ministres, puis les hommes à turban vert et à turban potiron. Les militaires, en costume, sont pitoyables : gros c… dans des pantalons informes, souliers éculés, épaulettes attachées avec des ficelles, immense quantité de croix et de dorures ; les prêtres, blancs, maigres, sinistres ou stupides : l’air bigot est le même partout, l’intolérance du Ramadan m’a rappelé celle du carême des catholiques. Les lignes de troupiers finissent, re-prêtres. Le bey rentre dans ses appartements, le hurleur recommence.

La voiture de parade est attelée de neuf mules. — Un chariot arabe : le conducteur est monté sur une selle qui est au milieu du joug ; quatre ou six mules, deux roues, une capote en roseaux, la caisse portée sur l’essieu qui est en bois et serré avec de la sparterie.

Samedi. — Répétition de la veille : corps consulaires ! binettes administratives, les bons habits exhibés. — M. Rousseau nous introduit. — Prière des ulémas et notaires, la paume des mains ouverte, tandis que le baise-main continue. — Déjeuner chez M. de Laverne, l’après-midi, place de la Casbah. — Frise michelangesque.

Dimanche — Visite à M. Davis. Dîner à 3 heures, avec le médecin et le capitaine du navire qui doit le mener au cap Bon, lady Franklin et sa dame de compagnie, Mlle Rosemberg (Nelly). Elle est