Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/42

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Promenade dans le cimetière de Scutari. — Descendus par la grande rue. — Traversée en caïque, qui manque de sombrer à chaque lame ; nous en voyons flotter à l’eau un à qui cet accident vient d’arriver, plusieurs hommes qui le montaient se sont noyés. — Vue d’un milord doré qui appartient à Sa Hautesse, chevaux enharnachés d’argent lourd.

Vendredi 15. — Tourneurs de Galata, tekeh rond, galerie autour en bas et en haut, petites lampes et lustres de verre : ça a l’air bastringue. — Iman, vieillard en robe verte. — Procession à la file, 17 derviches, ils saluent le Merab après l’avoir passé et se saluent eux-mêmes. Bientôt la ronde commence. Cela n’est pas assez vanté : chacun a une extase particulière, vous pensez aux rondes des astres, au songe de Scipion, à je ne sais pas quoi ? Un jeune homme, les bras tout levés et la figure perdue de volupté ; un autre qui ressemblait à un archange, avec un air d’autorité ; un vieux, pointu, à barbe blanche ; un de teint blanc jaune (maladie de cœur ?), de même teinte morte que son bonnet de feutre. Nul étourdissement quand ils s’arrêtent. — Mouvement de leur robe qui tourne encore et les drape.

Samedi 16, visite au général Aupick, ambassadeur. — Reçu celle de M. Fauvel. — Accident arrivé à un de mes commensaux, M. de Noary, qui a laissé tomber à l’eau un sac contenant 80,000 piastres.

Dimanche 17. — Le matin Bezestain fermé aux trois quarts, les Grecs et les Arméniens et quantité de Turcs faisant dimanche. — Déjeuner dans un café avec du Rebab ; le froid nous y fait