Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/60

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mais sans me pouvoir rendre compte de la position où je suis. Je redescends une rue moitié à escaliers et moitié en pente, maisons peintes en noir, avancées sur la rue, dames endimanchées qui reviennent de vêpres ou vont faire des visites, moitié à l’européenne, moitié à la grecque. Je me perds dans les rues et parmi tout ce monde ; étourdissement de toutes ces figures qui passent devant moi, je m’en vais récitaillant des vers, je me retrouve au bas du petit champ, je le quitte et passe par-devant le pont de Mahmoud, tout le bas de Galata et Top-Hana ; rentré éreinté. — Reçu la visite de M. de Margabel, premier secrétaire de l’ambassade. — Le soir, soirée de l’ambassade, exhibition de messieurs et de dames de la localité.

Lundi 9. — Parti avec Stéphany, le matin à 8 heures, pour Belgrade. Landes nues, chemins pleins de boue, typhons. Nous laissons le chemin de Thérapia à droite. Au milieu de la boue, dans une montée, un carrosse embourbé, avec le pauvre petit cheval maigre qui suait et le conducteur à pied. — Descente, pelouse, un bouquet de platanes fort beaux, feuilles toutes jaunes. — Boviou-Kideneh au bord de l’eau, la petite rade pleine de navires avec leurs voiles blanches. Je fais quelques tours à pied sur le quai pour me réchauffer les pieds. — Déjeuner dans un hôtel, le second en arrivant près d’un ship chandler. — Nous remontons à cheval, belle route, prairie, arbre ; aqueduc de Belgrade : a l’air tout neuf et n’est beau que de loin… et de près, à cause de la vue qu’on a de là. — Bains de Mahmoud. — Course dans la forêt, beaucoup de chênes, aspect de forêt européenne ; j’arrive à une