Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/79

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à l’œil par le mur mouvementé des montagnes de l’Eubée ; ce qui fait mur est au milieu ; aux deux bouts, montagnes qui avancent sur un plan antérieur. On nous montre la pointe de Chalus, pic entièrement neigeux et qui brille au soleil, sur la droite, tout à fait presque derrière nous.

Nous sommes sortis de l’ombre de la montagne, nous avons le soleil. Nous passons par le village de Kriekonki, dont les rares maisons blanches, éparpillées comme elles le veulent, ont des enclos de broussailles sèches, provisions de bois pour l’hiver, ou en cailloux. Une femme passe près d’une maison, la bouche couverte de son voile comme une musulmane (ce sont des Albanais qui habitent ce village), une espèce de sale torchon blanc qui lui couvre la tête passe sur sa bouche et revient derrière le col ; nu-pieds, elle vide un panier sur un tas de fumier. Les femmes, jusqu’à présent, sont couvertes d’une espèce de paletot gris clair, avec des bordures noires plates sur les côtés, vêtement assez gracieux pour les enfants.

Nous suivons la plaine jusqu’à 10 heures, et passant au milieu de pierres que l’on nous dit être les ruines de Platée, nous arrivons à Kokla, au pied du Cithéron. Il y a, à l’entrée, un seul arbre desséché et sans feuilles ; avec un autre au pied du mamelon où est Thespies (Erimo-Castro), sauf quelques petits chênes nains et arbousiers rabougris ce matin, ce sont les deux seuls que nous ayons vus aujourd’hui.

On a fait à l’entrée du pays des trous où il y a de l’eau.

Nous déjeunons dans une chambre dans le goût de celle où nous avons couché. Un pappas