Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/92

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sur elle. À gauche, à dix pas de la route, ruines grecques : mur en pierres sèches carrées, la construction fut quadrilatérale. Nous avons marché tout à l’heure sur des tronçons d’une voie antique, beaucoup plus large que celle d’hier et de ce matin en partant de Livadia. À distances rapprochées les unes des autres, deux ou trois mètres au plus, des lignes transversales qui sortent du niveau du pavé pour arrêter les pieds des chevaux.

Au fond du ravin, coule, blanc comme une anguille de nacre, un ruisseau qui se tortille entre un bois d’oliviers ; il va s’épatant ensuite dans la plaine que nous devons passer demain. À gauche, le golfe de Salona s’avance dans les terres ; après le golfe, montagne ; après, une autre, puis une troisième, noyée dans la brume, et, de côté (à droite), d’autres qui se pressent comme des têtes de géants qui se poussent pour voir.

Delphes. — Au premier plan, à droite, montagne de Delphes. Deux pics en arrivant (à pic, taillés à facettes comme un acculement infini de piliers décapités, étagés tout du long), de ton brun rouge, avec des bouquets de verdure sur les sommets plats de chaque fût de roche. C’est un paysage inspiré ! il est enthousiaste et lyrique ! Rien n’y manque : la neige, les montagnes, la mer, le ravin, les arbres, la verdure. Et quel fond ! Nous passons près de la fontaine Castalie, ou plutôt au milieu (le bassin est à droite et la chute à gauche), laissant, de ce côté, des oliviers à grande tournure et d’un vert splendide.

Nous descendons dans une maison, il n’y a pas de cheminée ; nous allons dans une autre, où