Page:Flaubert - Notes de voyages, II.djvu/93

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dans la chambre qu’on nous destine deux couvertures sont étendues par terre, de chaque côté de la cheminée, qui, le soir, nous abîme de fumée.

Giorgi nous présente, pour nous servir de guide, une manière de gendarme qui baragouine un peu de français. Nous sortons avec lui, il nous montre d’abord, dans une roche, un caveau contenant trois tombeaux vides, auges creusées à même le rocher avec une arcade en dessous : cela m’a l’air chrétien et ressemble aux tombeaux des cryptes, comme aux catacombes de Malte. C’est ici le rendez-vous de tous les chiards du pays, on marche sur une effroyable quantité d’étrons de toute dimension.

Petite église grecque, avec un reste de mur qui a l’air grec dans certaines parties, cyclopéen (quoique les pierres soient bien petites pour cela) dans d’autres. Dans l’église, une pierre avec une inscription, où nous lisons ce mot βιϐλιοθήχη. Cimetière autour de l’église, sans tombes ni croix, seulement des petites boîtes en bois (destinées à recevoir des chandelles) et couvertes avec des pierres ; quand il y a un an, deux ans que cela dure ainsi, on laisse la boîte et puis c’est tout, pas plus de monument sépulcral que ça ! rien, on voit seulement que la terre a été un peu remuée.

Dans les environs, le terrain semble indiquer un théâtre et un tronçon de construction concave ; le stade, nous dit le guide, était au-dessus.

Nous passons pour revenir vers la fontaine, devant un grand pan de mur qui soutient des terrains : c’est la plus grande ruine de Delphes.

Comme nous arrivions à la fontaine, une