Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/156

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elles descendent en chevelure, s’allongent jusqu’en bas, et frôlent du bout le courant qui passe à travers l’ogive de cette verdure aérienne. On voit tous les coudes de la rivière réapparaître au loin dans la prairie où elle s’ébat avec des lignes de peupliers sur l’herbe, des bouquets d’arbres derrière les places d’eau, et çà et là, sur les bords, deux ou trois bicoques de travers mirant obliquement leurs poutres jaunes et leurs plâtres noircis. Puis au fond, tout au fond, dans une perspective se rétrécissant toujours, le vague aperçu des collines et des bois qui se perdent dans la brume.

La ville s’étageant graduellement remonte en face sur une colline avec cette eau, ces arbres, les madriers de ces maisons peints ou vermoulus, ces pignons de plomb, ces toits en tuiles serrés l’un près de l’autre ou régulièrement séparés par la ligne ondoyante de quelque mur tout chevelu ; il semble que Quimperlé n’est venu au monde que pour être un sujet d’aquarelle.

L’église Saint-Michel montre, au-dessus de la ville qui se déroule à ses pieds, les quatre clochetons de sa tour et sa galerie à arcade, mais l’on est fort surpris, quand on arrive auprès, de ne trouver qu’une église assez commune et n’ayant même pour portail qu’un portail latéral divisé par deux portes jumelles dont la forme serait jolie si l’ornementation générale n’en était trop lourde. Sur les contreforts de l’abside deux maisons voisines sont venues appuyer leur premier étage qui, lorsqu’on monte de la ville vers l’église, font l’effet d’un