Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/18

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au beau milieu du livre : « ô mania ». Mais ce qui nous a le plus arrêtés, ce sont deux seuls mots : « Louise et Alfred » qui se trouvent perdus sous les marquis, les comtes, les chevaliers de Saint-Louis, les fils des victimes de Quiberon, les pèlerins de Belgrave-Square et toute cette racaille de noblesse postiche qui vit, comme le romantisme de M. de Marchangy, sur la sempiternelle poésie des tourelles, des damoiselles, du palefroi, des fleurs de lis de l’oriflamme de saint Louis, du panache blanc, du droit divin et d’un tas d’autres sottises aussi innocentes. Parmi tant de prétentions pleurardes, grimacières, arrogantes, ces simples noms d’inconnus nous ont paru avoir quelque chose de simple et de bon et de meilleur goût que tout le reste.

Château de Chambord. — Nous nous sommes promenés le long des galeries vides et dans les chambres abandonnées où l’araignée étend sa toile sur les salamandres de François Ier. Ce n’est pas la ruine de partout, avec le luxe de ses débris noirs et verdâtres, la broderie de ses fleurs coquettes et ses draperies de verdure ondulant au vent, comme des lambeaux de damas. C’est au contraire une misère honteuse qui brosse son habit râpé et fait la décente. On répare le parquet dans cette pièce, on le laisse pourrir dans cette autre. Vous sentez partout un effort stérile pour con-